
Une étude géophysique est en cours en vue d’autoriser des explorations d’hydrocarbures
liquides ou gazeux au large de la Corse et de la Sardaigne, sur une surface de 20 200 km2
s’étendant de la latitude de Prupià jusqu’à celle d’Oristano.
Déposée par la société norvégienne TGS NOPEC, cette demande d’étude s’ajoute
à d’autres demandes d’instruction sur la même zone, ou plus à l’Ouest sur le plateau
continental espagnol.
Elle rappelle aussi la demande de permis de forer déposée il y a quelques années par la
société Melrose au large de Port-Cros, gelée pour l’heure par un moratoire décidé en
2015 par l’ancienne Ministre de l’Environnement, Ségolène Royal.
Mais ce moratoire ne vaut que pour le plateau continental français.
Il faut désormais aller plus loin et obtenir à l’échelle de la Méditerranée tout entière une
interdiction totale de tout nouveau permis d’exploration ou d’exploitation
d’hydrocarbure, en s’appuyant sur les accords pour le climat qui visent à réduire la
production d’énergies fossiles, notamment l’Accord de Paris du 12 décembre 2015.
En effet, la Méditerranée est une mer fermée, ce qui renforce le caractère impactant, voire
irréversible de toute pollution.
La profondeur des forages, les risques sismiques avérés en plusieurs points du bassin
méditerranéen, accroissent les risques de catastrophe. En 2010 par exemple, la brèche sous
la plateforme Deepwater Horizon, au large du Mexique, n’a pu être colmatée qu’après de
longs mois, entrainant un véritable désastre écologique.
Un tel accident sur une exploitation pétrolière en Méditerranée pourrait occasionner
une catastrophe écologique, économique et sociale majeure, y compris pour le tourisme
durable qui est un des piliers de notre stratégie de développement économique.
Hôtel de la Collectivité Territoriale de Corse – 22, cours Grandval – BP 215 – 20187 Aiacciu cedex 1
Tél. : 04 95 51 64 64 – Courriel : communication@ct-corse.fr
2
La Corse est historiquement un acteur majeur des combats pour la protection de la Mer
Méditerranée : lutte contre l’implantation d’un site d’expérimentation nucléaire à
l’Argentella, contre la pollution des Boues rouges, pour la protection des Bocche di
Bunifaziu, rail du canal de Corse…
Ce combat doit être mené plus que jamais à l’échelle de la Méditerranée tout entière,
laquelle est un écosystème global.
Le développement constant de notre politique euro-méditerranéenne, depuis notre
accession aux responsabilités en décembre 2015, a renforcé notre audience et nos
prérogatives en la matière.
J’ai donc d’ores et déjà engagé trois démarches :
– Saisine de mon homologue, le Président de l’Exécutif Sarde, Francesco Pigliaru,
afin de lui proposer une intervention conjointe auprès des Gouvernements
italien et français ;
– Action, en ma qualité de Président de la Commission des îles de la CRPM,
auprès de toutes les îles de la Méditerranée pour engager une action concertée
auprès des instances européennes en vu d’interdire les autorisations
d’explorations pétrolifères en Méditerranée;
– Sollicitation de Son Altesse sérénissime, le Prince Albert II de Monaco, pour
l’alerter sur les dangers que la prospection pétrolière sollicitée au large de la
Sardaigne et de la Corse ferait peser sur le sanctuaire marin Pélagos, instauré
par l’accord du 25 novembre 1999, liant la France, l’Italie et la Principauté, et
situé à étroite proximité de la zone de prospection envisagée.
Le Conseil exécutif proposera lors de la prochaine session de l’Assemblée de Corse un
calendrier d’actions, parmi lesquelles le vote d’une motion et l’engagement d’une
mobilisation élargie à la société civile et aux acteurs du secteur marin et maritime
(pêcheurs, associations, scientifiques, professionnels du tourisme, etc.).
Gilles Simeoni
Président du Conseil exécutif de Corse
Laisser un commentaire